Ernes Merck
19 mars 2021, Mercedes-Benz de Sherbrooke
En cette journée internationale des femmes, notre Lundi Rétro met en vedette Ernes Merck. Cette pilote a su paver la voie aux femmes en course automobile dans les années 20 en surclassant presque tous ses concurrents masculins. Voici donc l’histoire de la célèbre « Lady in red ».
Ernestina von Bieberstein est née en Allemagne en 1898 au sein d’une richissime famille d’industrialistes du Land de Hesse. À 20 ans, elle se marie et adopte le nom de famille de son époux, Wilhelm Merck, membre de la famille fondatrice de la société pharmaceutique du même nom et passionné de course automobile. Grâce à lui, on peut dire qu'Ernes Merck attrape rapidement la piqûre de la vitesse!
Dès la fin de la Première Guerre mondiale en 1918, alors que le mouvement international des suffragettes permet finalement aux femmes d’obtenir le droit de vote en Allemagne, Merck personnifie le vent de liberté qui souffle sur les femmes de l’époque. Élégante, fortunée et rebelle, elle se balade à vive allure au volant de ses voitures sous les regards scandalisés de plusieurs hommes de sa région dont elle se fout éperdument. Ce qu’elle aime, c’est conduire le plus rapidement possible et personne n’allait la ralentir dans sa passion! Elle prend donc part à sa première course en 1922, où selon les archives, elle termina à une position « honorable » … C’était un début.
Peu à peu, elle perfectionne son coup de volant et attire l’attention de Mercedes qui l’engage en tant que pilote officielle. Évidemment, certains diront qu’en intégrant une femme au sein de son équipe de « factory drivers », le manufacturier avait des visées davantage axées sur le marketing que sur le succès en course. Mais lors du week-end des 13 et 14 juillet 1927, Ernes Merck ferma le clapet de ses détracteurs à jamais lorsqu’elle prit part au Swiss Klausen Hill-Climb, de loin la course de côte la plus populaire et la plus difficile de l’époque. Parmi ses concurrents au sein de la catégorie la plus relevée, celle des moteurs de 5 à 8 litres, se trouvaient non seulement son propre mari, mais surtout Rudolf Caracciola, considéré aujourd’hui comme le meilleur pilote allemand d’avant-guerre.
Au volant de la même voiture que cet As, une Mercedes-Benz Type S de 180 chevaux, Ernes franchit la ligne d’arrivée de la première étape sous la barre magique des 20 minutes, éclipsant tous ses concurrents masculins à l’exception d’un seul, Caracciola. Elle répéta l’exploit le lendemain lors de la seconde étape, terminant encore une fois à seulement quelques secondes du célèbre pilote de Grand Prix, et devançant tous les autres pilotes de calibre international! Même si elle n’avait pas gagné, la légende d’Ernes Merck était née!
Malheureusement, quatre mois plus tard, Ernes Merck mit fin à ses jours, souffrant d’une grave dépression post-partum suite à la naissance de son fils Peter. Pour honorer la mémoire et les exploits de celle qui aura été la seule pilote « factory » des années 20, l’artiste Edward Cucuel créa l’affiche « The Lady in red » en 1928. Cette œuvre devenue rapidement un symbole de l’émancipation des femmes allemandes et permit de mettre en image l’adage de Mercedes-Benz de l’époque disant que « Les femmes du monde moderne conduisent seules ».
De la part de toute l’équipe de Mercedes-Benz de Sherbrooke, joyeuse journée internationale des femmes!